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LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Lutte contre la corruption : une initiative du Président de la République ou plutôt une exigence des partenaires multilatéraux ? 
 
La vague d’interpellations sans précédent des présumés voleurs du patrimoine national laissent sceptiques et indifférents certains compatriotes qui y voient davantage la dramatisation d’une opération de séduction des partenaires multilatéraux. Sens et non sens d’une attitude. 
 
 
. Les personnes incriminées auraient acquis le mépris de la chose publique en bâtissant des fortunes inversement proportionnelles à leurs revenus. A vrai dire, il n’ y a là rien de nouveau : la corruption et les détournements de deniers publics ont prospéré au Cameroun à une vitesse jamais égalée, tuant dans l’œuf le rêve de la moralisation des comportements clamée par le président Biya à sa prise de pouvoir en 1982.En faisant large écho des récentes arrestations de certains gestionnaires indélicats, la presse camerounaise a contribué efficacement à percer l’abcès purulent que constitue la corruption. En effet, la recréation n’avait que trop duré. Et, de manière sui generis, la sanction s’est imposée comme une nécessité historique. 
 
Pour certains, l’urgence de l’atteinte du Point d’achèvement et surtout la pression des Bailleurs de fonds internationaux constituerait assurément la force motrice de la croisade contre les mauvais gestionnaires. A priori, on peut croire que l’histoire s’est accélérée au cours des deux sorties peu diplomatiques des ambassadeurs des Pays-Bas et des Etats-Unis. Alors que le premier cité en était encore à s’interroger : « Comment ne pas souscrire alors à l’importance de rétablir la confiance des camerounais dans leurs institutions… ? », le second, plus caustique, ne se contentait pas de marquer sa désolation de voir prospérer une véritable « culture de la corruption » au Cameroun. Et de poursuivre, fermement : « Les accusés de corruption doivent être officiellement inculpés, poursuivis et condamnés… ». C’était le 20 janvier dernier au cours d’une conférence de presse très courue. Presque dans le même espace-temps, une série d’arrestations en cascade a suivi, comme pour donner sens aux récriminations de Niels Marquardt, Ambassadeur des Etats-Unis. 
 
Et du coup, beaucoup se sont empressés de voir derrière ces arrestations, sinon la manifestation d’une forte pression des « gendarmes du monde », du moins la mise en spectacle d’une opération de charme des autorités camerounaises envers les institutions de Bretton Woods. Ce jugement fondé en partie met en exergue ce qu’il a manqué au régime actuel. A savoir, de bons relais capables de traduire en actes la vue conceptuelle que le président Biya avait de l’avenir du Cameroun. 
 
En jetant un regard rétrospectif sur l’itinéraire socio politique du Président Biya, tout laisse croire que pendant au moins 15 ans, il a prévenu les prévaricateurs de la république en traçant la ligne rouge à ne pas franchir. Mounchipou, Engo Désiré, Edzoa Titus et bien d’autres en sont les premières victimes de ce changement de cap que très peu de camerounais ont pris au sérieux. Une véritable transmutation des valeurs était en train de s’opérer. La répétition étant la mère de la pédagogie, le Chef de l’Etat, depuis son discours d’ouverture de la dernière présidentielle à Monatelé jusqu’au discours de fin d’année 2005, en passant par sa prestation de serment en novembre 2004, se servira de toutes ces sorties comme prétexte de stigmatisation de la fraude et la corruption. Aujourd’hui, on est autorisé de constater, après une longue période d’observation et d’apaisement, l’accélération des sanctions et l’application des lois. 
 
Il y a donc tout lieu de croire que si les appels à la bonne gouvernance du diplomate américain ont bénéficié d’une aussi large diffusion, c’est qu’en réalité tout cela coïncidait avec la décision résolue du Chef de l’Etat de donner corps à ces incessantes mises en garde. Et pour cela, mieux qu’à la période du mounchipougate, il a envoyé un signal fort, remettant aux mains de la justice ceux qui passaient pour des « intouchables » et qui se réclamaient unilatéralement de lui en spoliant l’immense majorité des camerounais. 
 
Au demeurant,on ne peut valablement faire le reproche au Chef d’Etat d’avoir attendu trop longtemps- le temps opportun pour un leader étant rarement celui du peuple- ou le soupçonner d’agir exclusivement sous la pression des partenaires extérieurs. L’essentiel étant de faire comprendre désormais aux camerounais que l’impunité ne saurait se substituer à la loi, la médiocrité à l’excellence. Il faut juste espérer que le Président de la République sera désormais en avance sur son temps. Sinon, le Cameroun serait comparable à une salle de classe où le professeur est assis derrière pour attendre que les étudiants indiquent à sa place les objectifs pédagogiques à atteindre. 
 
Le constat est amère et sans équivoque : au Cameroun, la corruption et les détournements de deniers publics ont atteint des cimes qui appellent en urgence une redéfinition de la relation administration-administré et la levée de nombreuses lenteurs bureaucratiques qui non seulement ralentissent le processus de développement mais favorisent les moyens de contournements pernicieux. L’éradication de ce cancer social est un défi collectif qui rend inutiles les trophées de monopole et autres appropriations de ce combat qui déroule chaque jour sa complexité. 
 
Ciriac Oloum 

 

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Modifié en dernier lieu le 18.03.2006
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